Inquisition

Nogaret vengeur (petit-fils de Cathare) : avait convaincu le roi de demander à l’Inquisition (qui avait torturé tant de Cathares) de mener les interrogatoires.

Philippe fait torturer les Templiers par l’Inquisition après avoir fait main basse sur leurs richesses terriennes et leurs livres de comptes (le trésor, lui, avait disparu). Sans vergogne, le roi Philippe IV ose faire appel à l’Inquisition alors que le 8 décembre 1301, il excluait le saint Office en écrivant à l’évêque de Toulouse :  » Sous le couvert d’une répression licite, ils ont osé des choses complètement illicites ; sous l’apparence de la piété, des choses impies ; sous prétexte de défendre la foi catholique, ils ont commis des forfaits  » (suite à de nombreux abus dont ils s’étaient rendus coupables en Languedoc).

L’inquisiteur de France, Guillaume de Paris, confesseur du roi, précise à tous les prieurs dominicains de recevoir et d’interroger au plus tôt les Templiers qui leur seront amenés. Sur les milliers d’hommes torturés (les troupes « Milice Templière » étaient à ce moment précis, fortes de plus de 15 000 hommes), 138 Templiers torturés à Paris finissent par reconnaître tout ce que l’on veut pourvu que l’on cesse de les torturer : Ces prisonniers sont interrogés à Paris dans la salle basse du Temple par l’inquisiteur Guillaume de Paris (en fait, 36 meurent des suites de ces tortures !) et ils finissent tous par avouer les accusations car ils ne résistent pas aux conditions de détention et aux séances de questions (os écrasés, dents arrachées, membres écartelés ou disloqués, aux tenailles, etc.) Trois d’entre eux seulement nieront jusqu’au bout : Jean de Château-Villars, Henri de Hercigny et Jean de Paris. Tous interrogés le 9 Novembre au cours d’une séance à laquelle n’assistent ni l’inquisiteur lui-même ni celui qui le seconde en général : Nicolas d’Ennezat ; ceux-ci s’occupent le même jour du Templier Visiteur de France, Hugues de Pairaud. Durant cette période, de nombreux Templiers ont réussi à fuir de France, et à atteindre les autres pays d’Europe. 54 Templiers sont condamnés à mort, et sont brûlés vifs le lendemain tout en se déclarant innocents. Bossuet écrit à leur propos : « Ils avouèrent dans les tortures ; ils nièrent dans les supplices et à l’heure de la mort. »

Hypocrisie et lâcheté du Pape
Il se manifeste le 27 Octobre

 » Pendant que nous étions loin de vous, vous avez étendu la main sur les personnes et les biens des Templiers ; vous avez été jusqu’à les mettre en prison ; ce qui est le comble de la douleur, vous ne les avez pas relâchés ; même à ce qu’on dit, allant plus loin, vous avez ajouté à l’affliction de la captivité une autre affliction… »
Bien timide cette remontrance dont le roi ne se préoccupe pas d’autant que les Templiers avouent en masse. Après avoir reçu des apaisements de Philippe et s’être déclaré ébranlé, le 22 novembre, il suggère à tous les princes chrétiens de saisir les Templiers présents dans leur états. Mais ce Pape français, heureusement, n’est pas écouté car non crédible et tourné en ridicule.

Au début de 1308 il ne croit plus aux accusations contre les Templiers et exige que l’affaire lui soit évoquée personnellement et la procédure suspendue. les Templiers reprennent espoir. Hugues de Pairaud rétracte ses aveux. Alors Nogaret se déchaîne.

Il faut effrayer Clément : Un avocat de Coutances, Pierre Dubois, porte parole officieux du roi, écrit un pamphlet en forme de Fatwa :  » Que le pape prenne garde : il est simoniaque (trafic criminel des choses saintes). Il donne par affection du sang les bénéfices de la sainte église de Dieu à ses proches parents ; il est pire que Boniface qui n’a pas commis autant de passe-droits. Il faut que cela lui suffise ; qu’il ne vende pas la justice. On pourrait croire que c’est à prix d’or qu’il protège les templiers, coupables et confes, contre le zèle catholique du roi de France. Moïse, l’ami de Dieu, nous a enseigné la conduite qu’il faut tenir vis-à-vis des templiers quand il a dit:  » que chacun prenne son glaive et tue son plus proche voisin  » Moïse a fait mettre à mort, pour l’exemple d’Israël, 22000 personnes sans avoir demandé la permission d’Aaron, que Dieu avait établi grand prêtre… « .

L’infortuné Clément V plie une fois encore mais les apparences restent sauvées : les Templiers doivent être remis au Pape qui restituera aussitôt les prisonniers aux officiers royaux qui les garderont au nom de l’église romaine. Mais, pour régler le sort de l’Ordre, le pape exige un concile qui se tiendrait à Vienne, en Dauphiné, en octobre 1310. Ce concile aurait à décider du sort de l’Ordre du Temple. Quant aux crimes des Templiers en tant que personnes, ils seraient jugés par les évêques diocésains et les inquisiteurs ; le Grand Maître et les hauts dignitaires comparaîtraient devant le pape. Les deux procès allaient se poursuivre parallèlement sous la main mise de la grande Inquisition. Partout on recueillait les  » aveux  » des frères du Temple.

Les Templiers prisonniers deviennent eux-mêmes leurs propres avocats

Jacques de Molay, après avoir avoué tout ce que l’on voulait, au mois d’août 1309, quand s’ouvre le deuxième procès des Templiers, défend son Ordre avec passion puis se rétracte à nouveau. Enfin, il précise qu’il ne défendra son Ordre que devant le Pape. Le 7 février 1310, 33 Templiers déclarent vouloir défendre l’Ordre. Ainsi le frère Bertrand de Saint Paul déclare :  » jamais je n’ai avoué les erreurs imputées à l’Ordre, ni ne les avouerai tout cela est faux. ». Le 7 avril, Pierre de Boulogne, porte parole des défenseurs des Templiers, lit une déclaration capitale : il affirme que toutes les accusations proférées contre ses frères sont mensongères. Il se refuse à admettre aucun laïc parmi ses juges. Le 2 mai les défenseurs de l’Ordre du temple sont 573!!! Changement de comportement : Les Templiers passent de la fatalité humiliante de leur sort à la défense de leur Ordre avant tout. Nogaret contre-attaque. Le 10 mai 1310, l’archevêque de Sens, Philippe de Marigny, parfaitement dévoué au roi Philippe IV, réunit à Paris un synode. Deux jours seulement après avoir pris séance, le grand synode condamne au bûcher 54 Templiers de Paris qui venaient défendre l’Ordre. On les brûle le même jour. Bravant toute crainte, avec un courage exemplaire le frère Aymeri de Villers-le-duc, déclare à son tour : j’ai reconnu quelques unes de ces accusations, je l’avoue, mais c’était sous l’effet des tourments que m’avaient fait subir G. de Marcilly et Hugues de la Celle, chevaliers du roi lors de leur enquête. J’ai vu, hier, mener en charrette 54 de mes frères pour être brûlés vifs faute d’avoir avoué ces crimes…ah !! si moi je devais être brûlé, j’ai trop peur de la mort, je ne la supporterais pas !!! je céderais…. j’avouerais sous serment…tous les crimes qu’on impute à l’ordre. J’avouerai que j’ai tué Dieu si on me le demandait. On apprend, le 18 mai que le principal avocat des Templiers, Pierre de Bologne, a disparu. Naturellement on déclare qu’il s’est évadé. Alors, désespérés 44 Templiers font savoir qu’ils renoncent à défendre leur Ordre. Les magistrats, tout heureux, ajournent leurs travaux au mois de décembre. les accusés ne songent plus à renier leurs déclarations. Avec un ensemble étonnant ils reviennent à leurs premiers  » aveux « . Le 5 juin 1311, l’instruction est close et le dossier expédié au pape. Le concile oecuménique de Vienne s’assemble en octobre 1311. Neuf Templiers encore libres se présentent venant défendre l’Ordre. Clément V ne daigne pas les entendre et ils sont jetés en prison. Le 3 avril 1312, le pape prononce la dissolution de l’Ordre des Templiers. Les biens des Templiers reviennent aux Hospitaliers. Ainsi est réalisée la fusion désirée par Philippe le Bel (mais sans trésor !!!).